Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres
Les phonographes de Monsieur Fondain



Il ne nous est parvenu que des informations fragmentaires sur la production phonographique d'Urbain Marie Fondain. Il est né le 27 janvier 1842 à Blain, près de Nantes, au domicile de ses parents, Victor Fondain et Marie Delisle.
Il est établi qu'il fût, avec Edouard Hardy, l'un des premiers constructeurs français de phonographes. Le tinfoil de Fondain est en effet sorti antérieurement au mois d'août 1878 de son atelier parisien du 12, rue Richer, proche des Folies Bergère, deux à trois mois seulement après la présentation au public du phonographe construit par Hardy, lors de l'Exposition de 1878.
La faillite de la maison Fondain est prononcée le 26 avril 1881, toutefois l'Annuaire Didot-Bottin mentionnera toujours son activité de constructeur de phonographes durant les trois années suivantes. Par la suite, c'est Eugène Ducretet, scientifique et constructeur d'appareils de physique de renom, qui a repris ses activités dans ce domaine.
Les documents reproduits ci-après nous livrent de précieuses informations sur les phonographes de Fondain. Le premier, publié dans La Semaine du clergé du 15 octobre 1879 sous la plume de l'abbé Lenoir - un an exactement après son article capital sur l'invention de Charles Cros paru dans la même revue - nous décrit la gamme des phonographes et leurs prix. Il mentionne notamment un phonographe à plateau, réalisable sur commande. Urbain Fondain sera ainsi le premier à avoir construit un appareil à disques en France. Les articles suivants nous révèlent qu' il a effectué des démonstrations durant l'année 1878, particulièrement à St Etienne.


NB :

  • sur ce sujet, nous recommandons la lecture de Tinfoils Phonographs par René Rondeau, publié en 2001
  • l'orthographe des textes reproduits a été respectée, notamment celle de "l'Américain Edisson".


Le phonographe Fondain à poids est ainsi décrit par le constructeur :
"à grand cylindre, mouvement d'horlogerie, très soigné, coûte 400 francs"



  • La semaine du clergé du 15 Octobre 1879 : dans cet article signé l'abbé Le Blanc (en réalité l'Abbé Lenoir) relate
    sa visite de l'Exposition des sciences appliquées à l'industrie qui eût lieu à Paris de Juillet à Novembre 1879
    au Palais de l'industrie.

Le monde des sciences et des arts à l'exposition : le phonographe

.... Cette nouvelle donnée, reprenons notre revue de l'exposition des sciences appliquées à l'industrie.

Il y a, dans cette exposition, quelques merveilles, dont nous n'avons point parlé et qui le mériteraient même mieux que celles que nous avons signalées.

La première de ces merveilles est assurément le phonographe de l'Américain Edisson, perfectionné par M. Urbain Fondain, l2, rue Richer, à Paris. La carte de ce constructeur porte : phonographies perfectionnées à cylindre et plateau horizontal. Phonographes d'écoliers : 25 francs. Ces derniers ne sont que des jouets. Les phonographes véritablement sérieux coûtent, l’un 100 francs pour les cabinets de physique, un autre, 200 francs; celui-ci est à mouvement à ressort; un troisième à grand cylindre, mouvement d'horlogerie, très soigné, coûte 400 francs, à un seul cylindre, et à deux cylindres, pour faire l'enregistrement de deux discours à la fois, coûte 500 francs.

Le même constructeur fournit des phonographes à plateau horizontal de 600 à 1,500 francs, sur commande. Nous avons examiné, avec un vif intérêt, ces appareils, et notre intérêt, en les étudiant, a été d'autant plus vif que nous y avons  reconnu exactement

 


le procédé que nous avions nous-même décrit, après une conversation que nous avions eue, sur cette matière, avec M. Charles Cros, bien avant que M. Edisson en fît la prétendue invention.

C'est bien comme nous l'avons prouvé dans un article ad hoc, et prouvé d'une manière irréfutable, M. Charles Gros qui avait eu, le premier, l'idée d'enregistrer les discours, et c’est nous-même qui avions introduit, dans la description de l'instrument qu'il avait imaginé, les modifications convenables, qui avaient suffi pour que cette description, publiée près d'une année avant l'invention d'Edisson, se trouvât indiquer précisément le phonographe que l'on expose expose aujourd'hui et que nous avons vu fonctionner avant tant de curiosité.

C'est nous-même, aussi, qui lui avions donné le nom même de phonographe, que l‘Américain Edisson n’a pas même eu la précaution de changer. M. Edisson est pourtant l'inventeur de quelque chose, dans son phonographe. Il est le véritable inventeur de la feuille légère d’étain qui se colle sur le cylindre de cuivre et qui garde l'empreinte de l'aiguille qui traîne dessus à mesure qu’elle reçoit les vibrations de la parole humaine. Ce petit détail est important, sans doute, mais ne constitue pas l'idée mère de la découverte, et il ne faut pas désespérer que M. Ch. Cros ne trouve mieux encore pour faire fonctionner et parler les phonographes à l'avenir.

LE BLANC



  • Les démonstrations du phonographe Fondain à Saint Etienne en 1878 : Annonces parues dans Le Républicain
    de la Loire et la haute-Loire
    des 23 et 30 août 1878
 

Le phonographe perfectionné à St-Etienne

Le phonographe est, sans contredit (au point de vue scientifique), la plus merveilleuse invention de ce siècle si fertile en grandes découvertes.
Cet appareil, d'une extrême simplicité, grave la parole, le chant, la musique, les cris d'animaux, etc., etc.. sur une feuille métallique enroulée sur un cylindre et les restitue aussitôt, au gré de l'opérateur et du public, non-seulement une fois, mais dix, vingt fois s’il le faut.
Tout le monde voudra connaître et entendre parler et chanter cet admirable instrument M. Fondain, de Paris, aura l'honneur de soumettre au public stéphanois.
Jusqu'à ce jour, on s'est servi de plaques métalliques du téléphone pour la transmission et la reproduction du son ; l'opérateur substituera à volonté des plaques de bois ou d'ivoire, sans que la tonalité soit altérée, bien au contraire.
M. Fondain se tient à la disposition des amateurs pour des séances privées ou à domicile.

S'adresser 2, rue de la Montat, chez Mme Clerc, de midi à deux heures, chaque jour.

 







SALLE FORISSIER

Vendredi, samedi, dimanche, 30, 31 août et 1° septembre,

SEANCES DU PHONOGRAPHE PERFECTIONNE
par M. Fondain, de Paris


Prix des places : Premières, 2 F. 50 c. — Deuxième, 1 fr. 50 c.
Entrée par la rue Forissier.
Ouverture des bureaux à 7 h. 1/2. — Séance à 8 heures précises.

 

 



  • Le phonographe, un article de le la revue Le Panthéon de l'industrie du 14 novembre 1880, traitant des créations
    de Fondain


Cliquez sur l'image pour lire l'article.

On notera en particulier dans cet article qu'en 1880, Fondain a perfectionné et commercialisé le phonographe à disques conçu par le professeur Louis Saint-Loup. Cet appareil à plateau horizontal initialement construit par Ducretet, n’avait pas donné satisfaction. Rappelons qu'en janvier 1878, Thomas Edison avait expérimenté un phonographe de ce type ans grand succès.

  • Les phonographes de Fondain dans l'Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de
    l'administration
    en 1880

 

En 1880, dans l'Annuaire-almanach du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration (Didot-Bottin), Urbain Fondain est est les seul fabricant à figurer dans la rubrique "Phonographe".
Son annonce mentionne :

FONDAIN (Urbain), phonographes perfectionnés à cylindre et plateau horizontal; phonographes d'écoliers; phonographes jouets; appareils garantis marchand (sic) bien, modèle et réglage déposés, rue Richer, 12

 

 

Cette photographie d'un phonographe à feuille d'étain illustre le livre de Maurice Hamel, Le phonographe, son histoire et son évolution (1932).
Il s'agit vraisemblablement du phonographe d'écolier mentionné dans l'annonce ci- contre.