Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

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Les automates Vichy dotés d'un phonographe Lioret [Page 1/2]


Par sa formation d'horloger, à l'affût des nouveautés techniques de son époque, Henri Lioret s'est naturellement intéressé aux automates, bien avant la fabrication de son premier phonographe en 1893. Pourtant, cet attrait et ses réalisations dans ce domaine restent peu connues.
Dès 1891, l'inventeur a déposé aux Etats Unis un brevet relatif à un automate publicitaire
intitulé Advertising apparatus (n° 446.457 du 1° février 1891). Il y décrit une boite surmontée par deux bras, dans laquelle il a dissimulé  un mécanisme. L'une des mains, immobile, présente une manche de chemise, tandis que l'autre s'active et parvient à insérer un bouton dans la manchette. Dans ce brevet, l'horloger mentionne qu'il a construit des dispositifs en forme de mannequin ou de figure de garçon, dont les mains sont mises en mouvement par le mécanisme placé dans son piédestal ou dans une partie appropriée du corps.
En 1894, la collaboration d'Henri Lioret avec Henry Vichy va marquer une étape décisive pour sa carrière, alors même qu'il vient d'abandonner son métier d'horloger au profit de celui de constructeur de phonographes. La maison Vichy, réputée pour ses superbes automates, sera la première à construire plusieurs modèles parlant et chantant, qui ont en commun de disposer du même phonographe conçu par Henri Lioret en vue de les animer au son d'un air de musique ou d'une chansonnette.

  Vichy et Lioret, une collaboration fructueuse

Récemment reconverti dans la création et la construction de phonographes, Henri Lioret côtoie les meilleurs créateurs de jouets parisiens et notamment Gustave Vichy, de neuf ans son aîné. Les deux hommes ont en commun leur apprentissage aux côtés d’un père horloger, ils partagent surtout la même passion des mécaniques soignées. Gustave Vichy crée depuis 1878 des automates réputés pour leur réalisme. En 1894, son fils Henry, alors âgé de 28 ans a déjà remarqué le Bébé Jumeau, doté depuis peu de la parole. Artiste dans l’âme, il est à la recherche d' innovations susceptibles de favoriser le développement de la fabrique familiale dont il vient de prendre les rênes. Il voit dans le petit phonographe Lioret contenu dans le Merveilleux le moyen de perfectionner ses personnages animés pourvus du traditionnel peigne à musique.
Limité par la place disponible, et faute de pouvoir introduire un second mécanisme dans l'automate, Henri Lioret ne pourra pas utiliser le Merveilleux. Il va imaginer une solution simple répondant à la demande de son cadet; plutôt que d'utiliser son phonographe, il réalisera une adaptation acoustique réduite à sa forme élémentaire. La pièce principale est constituée d'un résonateur en carton muni de membranes intérieures et d’une simple pointe en fer qui vient appuyer sur le fond jouant le rôle de diaphragme. Le mécanisme à ressort qui imprime les mouvements au personnage grâce à des cames assure aussi la rotation du cylindre en celluloïd par l'intermédiaire d'un jeu de poulies et d’une fine courroie. Henry Vichy insère ce dispositif dans les automates dont le mouvement est logé dans un volume suffisant pour jouer le rôle de caisse résonance. Il se trouve ainsi dissimulé dans un fortin, sous un tabouret ou dans la margelle d’un puits.
En 1895, la maison Vichy fait connaître sa dernière création dans l’Annuaire-Almanach  du Commerce où sont annoncés ses automates « parlant, chantant et jouant véritablement de divers instrument». Ces nouveautés portent aussi le nom de « jouets phonographiques »  auprès de sa marque de fabrique représentant la tête du personnage Lune fin de siècle.
Dans le catalogue Vichy, le n° 537 représente le premier automate avec phonographe créé par la célèbre maison parisienne, il s'agit du puits qui parle, qui sera souvent nommé Pierrot au puits
. La légende de l'illustration rappelle l'innovation : «L’application du phonographe à mes automates permet d’entendre distinctement les paroles prononcées à distance» ; la mention « modèle déposé H. G. Vichy » révèle par ailleurs que l’automate a été conçu par Henry et Gustave.
La collaboration entre les deux fabricants ne se limitera pas à la création du
Puits qui parle, d’autres jouets automates animés sur un air de musique dispensé par un phonographe verront le jour entre 1894 et 1897. En France, ils bénéficieront d’une diffusion par des magasins de jouets ; au-delà de nos frontières, des firmes spécialisées en instruments de musique mécanique assureront leur commercialisation, notamment en Allemagne où le constructeur Gustav Uhlig va illustrer ses publicités avec un automate phonographique Vichy.

 

L'annonce Vichy dans l'Annuaire
du commerce Didot-Bottin
de 1894

Le puits qui parle
Voir sur cette page l'automate en mouvement

Le phonographe simplifié
du Puits qui parle


  Les variantes de l'automate parlant et chantant

Ces automates portent la marque de fabrique Vichy à la tête de personnage Lune fin de siècle visible sur une étiquette intérieure; on y observe aussi des inscriptions au  crayon : la date de fabrication et deux initiales, vraisemblablement celles de l'employé qui a construit l'automate. La figure lunaire se retrouve aussi sur la clé du mécanisme.
L’observation de ces différents modèles d'automates phonographiques révèle que plusieurs d’entre eux sont construits sur la même structure et utilisent les mêmes mécanismes, de sorte que 
l’on distingue trois groupes :

Cette liste n’est pas exhaustive, d’autres automates ont probablement été construits sur le même principe, certains à usage publicitaire.


 


Soldat au clairon français


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