Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

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Henri Lioret, un maître horloger [Page 1/2]


 


Henri Lioret à l'Ecole d'Horlogerie de Besançon en 1864, à Moret en 1866 et à Paris en 1870 (photos reproduites avec l'autorisation de M. Jacques Diehl).
 

 
 
 


La Grande Rue à Moret-sur-Loing vers 1905, carte postale de cette époque. A gauche, l'enseigne indique l'emplacement de l'ancienne boutique d'horlogerie crée par le père d'Henri Lioret, au n° 44.
 

 
 
 


Installé à Paris au 3, rue de Turbigo après la guerre de 1870, Henri Lioret crée un important atelier d'horlogerie qui comptera jusqu'à une soixantaine d'employés. Sur cette carte, il énumère les prestations proposées à ses clients (reproduite avec l'autorisation de M. Jacques Diehl).
 

 
 
 

Créée par Henri Lioret, cette pendule affichant les heures, les jours, les mois et les saisons, a été offerte par la France au Tsar Alexandre III en 1893 (photo reproduite avec l'autorisation de M. Jacques Diehl).

 
 


L’une des plus somptueuses pièces d’orfèvrerie présentées à l’Exposition Universelle de 1878 est une création du grand orfèvre Lucien Falize, dédiée à Uranie, Muse de l’astronomie. Cette horloge de 54 cm comporte des personnages en ivoire, Uranie et deux anges, œuvres du sculpteur Carrier-Belleuse. Dans un globe en cristal de roche supporté par la Muse, évoluent les statues en or des dieux représentant les sept jours ; autour, un bandeau présente en alternance les signes du zodiaque et les dieux des mois. Sur le socle en lapis-lazuli de riches ornements rappellent les planètes et les grands astronomes de l’antiquité grecque. Deux cartouches dorés laissant apparaître les heures et les minutes. Lucien Falize a demandé à Henri Lioret de créer le mouvement complexe, qui valut à l'horloger un premier prix à l'Exposition Universelle de 1878. L'Horloge d’ Uranie a été offerte par le Président du Pérou au roi Alphonse XIII en 1906 (gravure, l'Exposition de 1889 du 12 Février 1890).
 

 


Henri Lioret participe en 1878 à la création d’une horloge de style néo-gothique conçue pour l’Exposition Universelle de Paris par Lucien Falize. Présentée sous la désignation petite horloge portative, l’œuvre de Lucien Falize, aussi nommée l'Angélus représente une tour de 17 cm, surmontée par une poignée formée de dragons enlacés. Elle est constituée d’une seule pièce d’ivoire et d’ornements en argent et or. Douze panneaux sculptés figurant les mois de l’année et les activités champêtres associées ornent les deux faces latérales. Sur la face avant, figurent le cadran octogonal aux chiffres gothiques, une scène de l’Annonciation et des citations en latin. Une plaque en laiton apposée sur le bâti porte l’inscription Hri. Lioret/ breveté SGDG /à Paris / 3, Rue de Turbigo. Pour cette pièce, l’horloger a créé un mouvement à sonnerie au quart, doté d'un remontoir spécial qu'il a conçu. Cet autre exemplaire de l'Angélus, en argent, a été vendu à Londres (Bonhams, vente du 17 Juin 2003, lot° 92).
 

 

 

Portrait de Lucien Falize (1839 - 1897), considéré comme l'un des plus grands orfèvres de la fin du XXème siècle et précurseur de l'Art Nouveau. Sa collaboration avec Henri Lioret n'est pas fortuite, tous deux se retrouvaient à Moret-sur-Loing où l'orfèvre possédait une propriété.

 
 
 


Henri Lioret a déposé cinq brevets dans le domaine de l'horlogerie entre 1878 et 1886. Le troisième, daté du 30 novembre 1881, est assurément le plus original. Le principe d’une application des plaques vibrantes à l’horlogerie qu’il y expose permet de comprendre comment, douze années plus tard, l’horloger va entamer une seconde carrière d’inventeur et de constructeur de phonographes. Cette invention, une «montre-avertisseur» sera commercialisée sous le nom de La Cigale. Henri Lioret, évoquant cette invention, mentionne à Gaston Tissandier en mai 1890 : Comment, sous un petit volume, produire assez de bruit pour attirer l’attention de l’homme occupé ou le tirer de son sommeil ? L’apparition du phonographe a permis de résoudre ce problème.

 
 


La Cigale
comporte deux dispositifs principaux, une plaque vibrante rappelant le diaphragme d'un phonographe et un petit marteau. Le son du réveil est provoqué par le marteau venant heurter la plaque en acier écroui. Pour mettre en action l’avertisseur, il suffit d’amener la grande aiguille indicatrice sur l’heure de réveil, en tournant la bague qui encadre le verre. Pourquoi l'inventeur a-t-il nommé cette montre La Cigale ? Si l'on observe bien l'insecte qui orne la montre, il aurait plutôt dû la nommer Le Grillon. En référence à la Provence, elle porte aussi le nom de Cigale des Félibres.

 



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  • Henri Lioret, un horloger honoré par sa profession

Outre le premier prix à l’Exposition Universelle de 1878 obtenu pour la pendule Uranie crée par Lucien Falize, dont il avait construit le mouvement, Henri Lioret a reçu durant sa carrière d’horloger de multiples témoignages de reconnaissance de sa profession. Ses travaux personnels et son implication dans la formation de ses apprentis lui valurent plusieurs récompenses.
Pour l’ensemble de son atelier, il reçut par deux fois le Prix Pierret visant à stimuler chez les ouvriers et les apprentis horlogers le désir de se perfectionner dans leur art. En 1878, la Revue Chronométrique, organe de la Chambre Syndicale de l’horlogerie mentionnait à ce propos : "Parmi les travaux présentés par les ouvriers et ouvriers patrons, il en est quelques-uns de fort remarquables. L’un d'eux, surtout, a attiré particulièrement l'attention du jury et a valu à son auteur le premier prix… Ce travail qui, par son beau fini, rappelle la vieille école française, n'est pas le seul mérite de son auteur; la Commission, en lui accordant cette haute récompense, a tenu un large compte de la bonne direction qu'il sait donner à son atelier d'apprentissage. Le dévouement de M. Lioret à ses élèves, sa patience à bien les instruire sont au- dessus de tout éloge et méritent sans conteste la reconnaissance et le dévouement de ces mêmes élèves".
Henri Lioret fût nommé administrateur de l’Ecole d’horlogerie de Paris, créée à l’initiative de la Chambre Syndicale, dont il était l’un des membres les plus actifs. Le Ministre de l’Instruction publique le décora des Palmes d’Officier d’Académie pour les soins apportés à l’instruction de ses apprentis.