Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

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Phonographes allemands [Page 1/2]


Bien que peu connu, l'allemand Albert Költzow n'en est pas moins l'un des acteurs majeurs des débuts du phonographe. Il fut en effet le premier à construire en Europe des phonographes à cylindres, remarquables par leur originalité et leur qualité.
Ses phonographes apparaissent dans des publicités allemandes en 1890 et deux ans plus tard en Italie, où ils sont commercialisés à Milan par la Società Elettrica Industriale qui propose une gamme de phonographes Költzow sous l'appellation Fonografo di Germania rappelant leur origine allemande. Ils sont vendus l'année suivante sous le nom générique Excelsior.
Ce modèle de 1890, le plus petit de la gamme, est le premier phonographe à cylindres construit en Europe. De petite dimension (la base en fonte ne mesure que 17 X 11 cm), son poids excède tout de même 7 kg, en raison de son imposant volant d'inertie.



Par sa structure et sa riche décoration, ce phonographe Költzow rappelle ses prédécesseurs à feuille d'étain.
Son  mandrin est prévu pour recevoir des cylindres spécifiques enregistrés avec une densité de 75 spires par pouce, mesurant 45 mm de diamètre et 50 mm de long. Ils n'étaient pas en cire, comme ceux d'Edison, mais en savon durci. Selon Albert Költzow, leur épaisseur de 7 mm permettait de les raboter 250 fois ! Dans un premier temps, s'inspirant des travaux de Bell & Tainter, l'inventeur avait utilisé de l'ozocérite pour fabriquer ses cylindres.


Comme celui des phonographes à feuille d'étain,  le reproducteur en laiton du petit Költzow à entrainement manuel est doté d'un diaphragme en mica et d'une pointe en fer doux reposant sur un ressort.
De même, c'est le cylindre qui se déplace latéralement sous la la tête fixe. Le pont articulé sur lequel elle se place permet de la soulever. Le positionnement de la pointe et sa pression sur le cylindre s'ajustent grâce à deux vis micrométriques.
Le reproducteur fonctionne de pair avec l'un des premiers pavillons coniques en fer blanc dont le coude vient se loger dans le tube vertical prévu à cet effet.

 


L'Oratiograph est un jouet que l'on doit à Jean Schoenner à Nuremberg. Dérivé du Graphophon de Költzow ce phonographe actionné à la main se distingue par son volant d'inertie et ses cylindres spéciaux qui se fixent sur un mandrin en bois.
En 1898, Henri Lioret proposait  Le Babillard, un modèle analogue. Peu après, la Maison des Inventions Nouvelles et Pratiques vendait ce même jouet nommé Graphophone-Phonographe.



 

Les cylindres de l'Oratiograph et leur boite de rangement.

 
 


Témoins de l'essor de l'industrie allemande du jouet à la fin du 19ème siècle, plusieurs petits phonographes ont été créés outre-Rhin entre 1895 et 1900. Ils ont en commun d'être actionnés manuellement et de posséder un volant d'inertie. Le plus ancien est probablement le phonographe miniature construit à Berlin par Emil Wenig dont un exemple est conservé au Deutsches Museum de Munich.
Ce petit phonographe pour cylindres de cire Standard s'inscrit dans la lignée des jouets phonographiques construits par Emil Wenig, Albert Költzow et Jean Schoenner. Il est caractérisé par la l'extrême simplicité de sa construction.
 


Le Victoria a été construit par la firme Breslauer Wassermesser und Eisenbau Werke A.G. Vormals H. Meinecke à Breslau (actuellement Wroclaw en Pologne). Ses ateliers ont aussi produit des cylindres caractérisés par leur boite à section carrée. La marque Viktoria (avec un K) a été déposée en France par la même société le 11 janvier 1899.


 

La marque n'apparait que sur le couvercle du Victoria. Son mandrin particulier est constitué par deux roues cannelées fixées sur un axe.

 
 


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A voir aussi
  • En 1890, Albert Költzöw fût le créateur de la première et unique usine de phonographes en Europe située à Berlin. Comme en témoignent les documents suivants, ce pionnier du phonographe a été très actif jusqu'en 1905 :
 
 
  • Des publicités parues dans la revue  allemande  Beiblatt der Fliegenden Blätter durant cette période.
  • Dans La Revue scientifique du 1er décembre 1894, un article traite de l’utilisation d’un fil tendu comme résonateur dans un reproducteur de Költzow  : «Il paraît que, dans certains cas, on peut substituer à la membrane une simple corde à boyau convenablement tendue : le son dans ce cas, est moins fort qu’avec la membrane, mais il est plus sûr et plus clair

    Le Dr Guillemin explique cette singularité dans un article sur  les membranes et tambours paru dans La Voix parlée et chantée de février 1901 :
    Les mots en italiques «il parait qu’on peut substituer» signifient que le rédacteur de l’article a été étonné qu’on pût « substituer à une membrane une simple corde »; mais ils ne mettent pas en doute l’authenticité du fait. Or ce fait prouve que le son du reproducteur n’est dû ni à la membrane, ni à la corde, mais aux parois du pavillon, qui est complètement omis ci-dessus. La membrane ou la corde produisent des secousses sur ces parois du pavillon, comme la corde sur sur la table d’harmonie, comme le tyran sur son cadre, comme la batterie sur sa caisse, etc..
    Et si le son du pavillon ne reste pas identique lorsqu’on remplace la membrane par la corde, c’est que la membrane et la corde ne secouent pas le pavillon de la même façon; mais la corde, produisant des saccades plus localisées, qui ne se contrarient pas, donne un son « plus sûr et plus clair ».


    Dans ce  reproducteur de Költzow la membrane a été remplacée
    par un  fil tendu

  • Albert költzow est aussi l'auteur d'un brevet pour un reproducteur à contrepoids, déposé en 1894
  • Trois phonographes de sa fabrication : un modèle de 1891 à main,  le modèle Duplex de 1894, le même modèle entrainé par une machine à vapeur
  • Albert Költzow a construit son premier duplicateur de cylindres en 1898
 
  • En 1901, l'Allgemeine Phonographen Gesellschaft de Krefeld, plus connue sous le nom de Krefelder, a été l'une des plus importantes firmes allemandes de phonographes. Ellle a notamment construit de grands phonographes automatiques et les appareils commercialisés par l'Edison Bell en Grande Bretagne. Cette publicité de 1899 montre que la firme tentait alors de pénétrer le marché français.
 
  • Un phonographe allemand remarquable, l'Excelsior-Phonograph construit en 1890 à Berlin par la firme Ludwig Loewe (Catalogue Ferdinand Ernecke de 1897).
 
  • Un curieux phonographe allemand proposé en 1900 par la maison Meiser & Mertig de Dresde, dans son  catalogue Experimentierkästen und Sammlungen physikalischer Apparate.
 
  • En Allemagne comme en France, nombreuses ont été les entreprises qui se sont lancées dans l'aventure prometteuse du phonographe à l'aube du nouveau siècle, à l'image de la société August & Co, constructeur de phonographes et de cylindres à Berlin. Les gravures de  l'entête de cette lettre montrent les appareils les plus populaires en 1902.