Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

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Les reproducteurs ''Système Bettini''



Dans cette lettre en anglais et en français du 20 juin 1899, Gianni Bettini demande à ses clients de se méfier des contrefaçons de son Micro-Diaphragme (autre nom du Micro-phonographe) apparues en Europe sous le nom de «Système Bettini». Sans les nommer, l'inventeur stigmatise bien sur les reproducteurs vendus par Pathé ou Columbia, «de qualité inférieure» et «reproduction de ses anciens modèles», mais aussi ceux qui ont vu le jour en Espagne où plusieurs inventeurs se sont lancés dans la copie de son invention.



En apparence identique au Bettini Type N, le Micrófono Verderau s'en différencie par la partie centrale en aluminium, un diaphragme en celluloïd et l'absence d'araignée. Il a  été conçu par Don Juan Rosillo y Verdereau, auteur de brevets sur ce reproducteur, enregistrés en 1898 et 1899.
Sa commercialisation était assurée par plusieurs cabinets phonographiques de Barcelone, tels que la Sociedad Artistico Fonográfica fondée par l'inventeur, Canals & Corrons ou le Centro fonográfico C. Pernot. Ce dernier établissement faisait imprimer en rouge la mention Micrófono Modelo / C. Pernot Barcelona sur le diaphragme en celluloïd.
 


L'inventeur du Micrófono Verdereau  s'est inspiré du Micro-phonographe Bettini auquel il a apporté deux modifications principales :

  • une plaque de celluloïd a remplacé la membrane en aluminium
  • l'araignée emblématique de Bettini a fait place à un bras solidaire du corps et traversé par une vis porte-saphir dont la base prend appui sur une coupelle en aluminium collée sur la membrane.
    Un écrou moleté permet d'ajuster la pression du saphir sur le diaphragme par l'intermédiaire de la coupelle.

Ces innovations ont fait l'objet du certificat d'addition n° 231.91 du 17 février 1899 (brevet principal n° 231.85 du 15 octobre 1898).


Alors que le Micrófono Verdereau précédent a été fabriqué à Barcelone par la Sociedad Artistico Fonográfica, ce Micro-phonographe Type Nt est un reproducteur Bettini original, sur lequel les ateliers de cette société ont effectué avec grand soin les modifications décrites par Juan Rosillo y Verdereau dans son brevet.
Un nouvel axe traversant le contrepoids a été mis en place; plus long que le précédent, il est de même fixé par deux vis sur la couronne permettant de comprimer le diaphragme. La partie de l'axe opposée au contrepoids constitue le bras portant le saphir. De plus, le celluloïd a remplacé l'aluminium dans la reconstitution de la plaque vibrante.

 

 

Ce coffret sans marque renferme un ensemble reproducteur et enregistreur, ainsi que le support adaptable sur un Edison Spring Motor. Son concepteur à apporté des améliorations de détail à cette copie de bonne qualité du Micro-phonographe de Gianni Bettini.

 
 

Le reproducteur et l'enregistreur contenus dans le coffret précédent présentent un avantage sur l'original : les deux supports de diaphragme sont interchangeables; ils viennent se loger dans un cadre unique qui s'adapte sur le pont (∅ 55 et 66 mm).

 

Le Microphone type K (∅ 53 mm), comparable au Micro-phonographe Bettini pour Graphophone, porte les initiales de Gabriel Kaiser, fondateur du Comptoir Général des Inventions Nouvelles. On doit son invention au physiologiste Adolphe Zünd-Burguet.
Contrairement au reproducteur Bettini, il permet l'enreristrement des cylindres : deux saphirs interchangeables, l'un pour la reproduction, l'autre pour l'enregistrement, se vissent au cente de l'araignée.



Dans le catalogue E. Plan & Cie (Successeur de Gabriel Kaiser), paru en 1901, le Microphone type K est comparé au diaphragme Bettini :  «le Microphone type K est un diaphragme beaucoup plus perfectionné que le diaphragme intitulé Système Bettini qui est très compliqué et difficile à ajuster tandis que notre microphone est le diaphragme rêve idéal».
 




Les diaphragmes Système Bettini Micro-reproducteur figurent au catalogue Pathé à partir de 1898. Ils vont de pair avec un pavillon de format compatible avec le type P de Bettini.
Cet exemplaire possède un disque mobile en ébonite rouge et sur l'avant, une vis de réglage pour ajuster la position de l'araignée sur le cylindre (∅ 55 mm).
 

 


Un second modèle de diaphragme Système Bettini de Pathé, pour son Graphophone n° 25, démarque de l'Eagle.
Alors que les diaphragmes Système Bettini de Pathé étaient moulés en zamak, la Manufacture Française d'Appareils de Précision proposait début 1900 des Amplificateurs Système Bettini de meilleure qualité en laiton nickelé.


 

A l'image de Pathé, la Columbia a commercialisé pour quelques modèles de Graphophones des contrefaçons du Micro-reproducteur Bettini en zamak ou en laiton nickelé. Seul le coffret portant la marque de la Columbia sous le couvercle, permet de les différencier.

 
 

L'originalité de ce Système Bettini tient dans le dispositif singulier utilisé pour  soulever le reproducteur en vue de lire soit les cylindres Standard, soit les cylindres Inter.
L'ensemble pont et reproducteur peut aussi s'installer sur tout autre phonographe construit sur le modèle du Graphophone Eagle et jouant les cylindres Inter, comme le Phono-Opéra de Combret ou le Musica.
 

 




      A voir aussi  
 
 
  • Dans sa revue Ombres et lumière, (n° 18, novembre 1902), la maison Mazo propose Le Perroquet constitué d'un grand diaphragme associé à un pavillon en carton qui s'apparentent aux créations de Gianni Bettini.
 
  • Don Juan Antonio Rosillo y Verderau, l'un des principaux artisans de la popularisation du phonographe en Espagne.

Né à Cuba, cet avocat et homme d'affaires s'est d'abord fait connaitre par ses brevets de 1898 et 1899 portant sur son Micrófono (un  Micro-phonographe Bettini perfectionné), et sur un pavillon en bois pour ce même reproducteur (à voir au bas de la page Pavillons Bettini). On lui doit aussi des travaux sur un phonographe à mouvement continu.

En 1899, avec son associé Juan B. Baró il a créé à Barcelone la Sociedad Artístico-Fonográfica qui connût un certain succès grâce à ses auditions d'artistes renommés, la vente  d'appareils phonographiques et l'enregistrement de cylindres par les meilleurs chanteurs espagnols.

Durant cette période, dans ses publicités comme sur ses boites de cylindres, l'important cabinet phonografique Canals y Corróns vante les mérites de ses enregistrements réalisés scientifiquement grâce à son propre Micrófono, un diaphragme Système Bettini  amélioré.

S’agit-il de l’invention de Juan Rosillo y Verdereau appliquée aux enregistreurs ? Il y a tout lieu de le croire, si l’on se réfère à cet article du Boletín Fonográfico. En effet, les caractéristiques du Micrófono Corróns décrites sont précisément celles du Micrófono Verdereau.

  • A Valence, le diaphragme The Keating pour graphophones a été conçu par Tomás Trénor, un capitaine d'artillerie, par ailleurs fort distingué et fortuné. Ce reproducteur s'apparente à ceux Bettini, cherchant à commercialiser une copie du Micro-reproducteur à portée de toutes les bourses.   Un article consacré au diaphragme The Keating  a été publié par le Boletín Fonográfico dans sa parution du 5 janvier 1900.
 
  • Toujours en Espagne, le mécanicien Manuel Pallás, fondateur d’un établissement réputé par la qualité de ses enregistrements a créé un reproducteur et un pavillon similaires aux productions de Bettini. Son cabinet phonographique est présenté dans le Boletín Fonográfico du 20 septembre 1900.