Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

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Les débuts du phonographe en France [Page 1/2]



C'est le 10 mars 1878 que le phonographe d'Edison fit sa première apparition en France. Une présentation à L'Académie des sciences eut lieu le lendemain, la  presse le découvrit le 22 avril 1878.
Gaston Tissandier, fondateur de la revue de vulgarisation scientifique La Nature, était bien entendu invité à cette première audition publique  de l'invention «du professeur Edison».
 


Lettre d'invitation émise par Pierre Giffard, directeur des Auditions du phonographe.
A partir du 22 avril 1878, les séances se succèdent dans la Salle des Conférences du 29 Boulevard des Capucines à Paris. Les nombreux curieux doivent s'acquitter d'un droit d'entrée de 20 sous pour assister à un véritable spectacle animé par plusieurs phonographes.
Le programme de ces représentations est particulièrement attractif : exhibition du nouvel appareil d'Edison, transcription et reproduction de la voix humaine, chansons et dialogues exécutés par l'instrument et expériences à volonté par le public. Malgré les esprits railleurs qui se moquent du Salon du phonographe ''des dix sons'', les auditions connaissent un vif succès qui ne faiblira pas tout au long de l'année 1878.


Après avoir assisté à la première audition privée du phonographe d'Edison, Gaston Tissandier invite les lecteurs parisiens de La Nature, à découvrir l'appareil «qui doit être déjà considéré comme une des plus grandes merveilles de la physique moderne»  (La Nature du 4 mai 1878).
Cinq mois après le début des première représentations, les 600 auditions réalisées dans la Salle des Capucines confirment l'engouement du public.
A compter du 1° octobre 1878, Pierre Giffard aménage son nouveau spectacle maintenant nommé Théâtre du phonographe, dans la Salle Cellarius neveu, passage de l'Opéra.

 

Dans cette lettre, Pierre Giffard annonce une seconde inauguration d'expériences dans la Salle des Capucines, avec un phonographe désormais muni d'un mouvement d'horlogerie. L'invitation n'est pas datée, mais si l'on se réfère à un article du 28 avril 1878 publié dans Le Figaro, elle a a été lancée peu avant cette date, ce nouveau modèle ayant été expérimenté depuis peu.
Comme le modèle précédent à manivelle, le phonographe à mouvement d'horlogerie a été construit par l'ingénieur Edouard Hardy.
A noter, au bas de ce document, la mention «Exécuté à la plume électrique d'Edison».



Deux mois seulement après la présentation de l'invention d'Edison, les phonographes à mouvement d'horlogerie, conçus pour remédier aux inconvénients du modèle à manivelle grâce à leur régularité, ont été mis au point en Europe.
Dès le 27 février 1878 Auguste Stroh présentait à la Society of Telegraph Engineers de Londres le premier phonographe actionné par un mouvement d’horlogerie à poids. En France, le premier exemplaire était livré à Pierre Giffard par Edouard Hardy le 27 avril 1878, quatre jours avant l'ouverture de l'Exposition Universelle où figurait le phonographe de démonstration actionné à la main, également construit par le mécanicien parisien.
 


Cette affichette annonce une conférence sur le téléphone et le phonographe donnée par Antoine Bréguet le 12 mai 1878 à Bernay.  On doit à ce brillant physicien la construction de la machine de Gramme, des travaux sur le téléphone et l'invention, avec Clément Ader, du Théâtrophone.
Antoine Bréguet fût le premier à annoncer dès le 1° janvier 1878 qu'un appareil capable d'enregistrer les sons de la voix humaine était sur le point de faire son apparition en France. Il publia le 1° août 1878 un article remarqué dans la Revue des deux mondes , intitulé La transmission de la parole / Le Phonographe, le microphone, l'aérophone.

 
   


Pour la plupart, les premiers phonographes à mouvement d'horlogerie étaient actionnés par des poids. Rares sont ceux qui étaient dotés d'un mouvement à ressort, à l'image de ce modèle disposant aussi d'un régulateur extérieur à ailettes.
Cette gravure est extraite du livre  Les merveilles de l'horlogerie par Camille Portal et H. De Graffigny (1888).
 

 
 


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A voir aussi :

 
  • Pierre Giffard, vulgarisateur infatigable du phonographe
 
Pierre Giffard et son phonographe à feuille d'étain (La Mère Angot du
23 Novembre 1878).
  Comme Gaston Tissandier et Théodose Du Moncel avec lesquels il partageait une curiosité pour les nouveautés scientifiques, Pierre Giffard fût un ardent promoteur du phonographe.
On lui doit notamment le premier livre français consacré à l'invention de Thomas Edison : Le phonographe expliqué à tout le monde (Juillet 1878).
Le journaliste, pionnier de la presse sportive et féru d'inventions nouvelles, a contribué à faire connaitre le phonographe aux parisiens durant toute l'année 1878 avec les séances des Auditions du phonographe dont il fût le directeur, puis le propriétaire.
Le quotidien La Liberté du 27 décembre 1878 rapporte à ce sujet : .... par un traité en date d’hier, les américains ont été désintéressés dans les représentations quotidiennes, si courues encore, du phonographe, et que la propriété de ce spectacle scientifique et amusant a fait retour à notre confrère Pierre Giffard, grâce à qui le succès a été toujours grandissant. Aujourd’hui qu’il est le seul à la tête de ce petit théâtre du progrès, notre confrère, avec son fidèle auxiliaire M. Maurel ne peut manquer d'avoir sans réserves, la sympathie de tous.
 

Après avoir surpris le Tout-Paris avec le phonographe, Pierre Giffard fit découvrir l'invention d'Edison aux provinciaux. C'est ainsi qu'une demi-douzaine de conférenciers, armés chacun d'un phonographe construit spécialement pour eux, partiront pour une tournée scientifique dans les grandes villes françaises.