Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

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La voix de Gustave Eiffel



Thomas Edison et Gustave Eiffel se rencontrent à Paris, lors de l'Exposition de 1889. Les inventions du savant américain dans le domaine de l’électricité, du téléphone et du phonographe suscitent l'admiration des visiteurs de ses deux stands.

En l'honneur de Thomas Edison, Gustave Eiffel organise le 10 septembre 1889 un repas au champagne au restaurant Brébant situé au premier étage de la principale attraction de l'Exposition. Sa fille Claire et
Mina Edison figurent parmi les invités, ainsi que les principaux ingénieurs ayant participé à la construction de la tour.

Gustave Eiffel avait aménagé un appartement privé au troisième étage de la tour pour y accueillir ses hôtes de marque dans le cadre de réceptions intimes. Après le repas, Thomas Edison y est reçu pour déguster cognac et cigares. Les deux ingénieurs s'apprécient particulièrement, A cette occasion, le savant américain offre à Eiffel un phonographe Class M « spectacle » similaire à celui qui figurait dans son stand de l'Exposition. Cette scène reconstituée par la Société Nouvelle d'Exploitation de la Tour Eiffel est toujours visible au troisième étage de la tour.

Par la suite, Gustave Eiffel enregistre à son domicile une douzaine de cylindres en cire sur son phonographe, en compagnie de sa famille et d'amis. Ces cylindres enregistrés en 1891 constituent les plus anciens documents sonores relatifs à des personnalités françaises. Cédés au Musée d'Orsay en 1981 par les descendants de Gustave Eiffel, ils sont aujourd'hui conservés par le département de l'Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France.

Dans la revue pédagogique BT Sonore de mars 1971 consacrée à l'enregistrement sonore et au phonographe sous la direction Jean Thévenot, figure un 45 tours comportant notamment la reproduction de la voix de Gustave Eiffel enregistrée en 1891. Vous pouvez l'écouter ci-après :


Face A : Jean Thévenot répond aux
questions d'un groupe d'enfants


Face B : la voix de Gustave Eiffel et la
suite de l'entretien avec Jean Thévenot

 
Assiette souvenir de l 'Exposition de 1889 : l'audition du phonographe dans le stand Edison.
 
 
 
Dans le bureau de Gustave Eiffel, au 3° étage de la tour, figure le Class M offert par le savant américain, sur lequel l'ingénieur français enregistra sa voix en 1891.
 
 
Le BT Sonore de mars 1971 (N° 846)

Voici quelques retranscriptions des propos enregistrés :

Tu vas à avoir à répéter les paroles de charmantes personnes. Et surtout tu leur diras bien que nous comptons sur elles le 9 février pour prendre une tasse de thé, et qu'elles auraient tout à fait tort d'y manquer. Tu répèteras bien cela, n'est ce pas ? D'autant plus que les paroles enregistrées nous servirons de souvenirs pour la soirée d'aujourd'hui ... Je suis bien enchanté d'être entouré de si bons amis ce soir (...) je ne sais vraiment que dire car dans une société comme celle-ci, il est infiniment plus pur et plus agréable d'écouter que de discourir (...) Je n'oublierai jamais la soirée du 4 février 1891.

 

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  • Coup de canon dans le phonographe
Ce qu’il y a de plus drôle sur la tour, ç'a été le coup de canon dans le phonographe. M Eiffel avait réuni hier soir, au somment de la tour, une cinquantaine d’amis pour inaugurer le phonographe qu’il vient de faire installer dans son appartement aérien.
Un Lunch a été servi; puis Mme Adiny et M. Melchissedec, de l’Opéra, ont chanté dans le phonographe, auquel MM. Berhelier, premier violon solo, Taffanel, le flutiste, et Turban, clarinette solo de l’orchestre de l’Opéra, ont également confié quelques morceaux. Chacun a ensuite parlé dans l’appareil.
Enfin, M. Eiffel a phonographié à M. Edison que le dernier coup de canon tiré sur la tour Eiffel allait être enregistré à son intention. C’était l’instant solennel.
En effet, à 10 h. 1/2, au moment où se terminait l’embrasement, le dernier coup de canon de la grande féerie se faisait entendre, et le boum de sa détonation se gravait boum dans le phonographe.
Par le prochain transatlantique, M. Edison recevra, les pieds sur sa cheminée, comme tout bon Américain, ce boum final, ce boum d’adieu, ce boum historique.
Et il aura sur nous l’avantage de l'entendre autant de fois qu’il lui plaira, en poussant le bouton de son phonographe. Tandis que pour nous, le boum d’hier est envolé et il y a longtemps que ses vibrations se sont évanouies au clair de la lune, dans un ciel d’une admirable pureté. 

Cet article a été publié dans le quotidien La Croix le  8 novembre 1889.