Phonorama, le site dédié aux phonographes à cylindres

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Titre de la page : Les cylindres géants [Page 3/4]


  Le cylindre Idéal de Lioret

A l’approche de l’Exposition de 1900 à Paris, une rude  compétition s'engage entre les constructeurs, notamment sur le marché des phonographes de prestige. La tendance est aux appareils gigantesques et chacun rivalise d’efforts pour surclasser les concurrents avec ses réalisations exceptionnelles. Henri Lioret n’échappe pas à cette course au gigantisme; il exposera L’Idéal, un appareil à la finition très soignée qu'il destine à une clientèle fortunée. On remarque en premier lieu la taille exceptionnelle de son cylindre en cire, tout aussi important que ceux de ses concurrents. Face à ses puissants rivaux, notamment la Columbia et Pathé, L’Idéal, «le plus grand phonographe du monde» figure en bonne place sur le plan des performances.
Le grand phonographe est présenté par Lioret dans le supplément au catalogue de 1900 daté de mars 1901. Dans la version mécanique de L’Idéal, le moteur se loge dans un coffret en chêne ciré, muni d’un couvercle et de poignées latérales en laiton; la plaque ovale de la marque Lioret apparaît sur la porte frontale. Classique dans sa forme, la partie supérieure s’apparente à celle d’un Graphophone Home Grand. Il est habituellement pourvu d'un pavillon en aluminium de 40 cm de diamètre. Un pavillon  en laiton de 1,45 m supporté par un pied est proposé dans le catalogue, avec supplément de prix. Son grand reproducteur en aluminium, semblable à celui des Lioretgraph, se fixe sur le chariot.
Le prix de L’Idéal à ressort s’élève alors à 1000 Francs, une seconde version, à moteur électrique alimenté par des accumulateurs, coûte 1500 Francs. Notons que Pathé affiche Le Céleste au même prix que L’Idéal mécanique tandis que la Columbia demande 1000 $ (soit près de 5200 Francs de l’époque) pour le Multiplex Grand.
Le cylindre de l'Idéal, en cire marron, présente des caractéristiques qui lui permettent de jouer durant 4 minutes environ :

  • longueur : 19 ou 20 cm
  • diamètre extérieur : 16 cm
  • densité d'enregistrement : 77 TPI
  • vitesse de rotation : 160 RPM
Henri Lioret proposera par la suite un second modèle plus court (16 cm), d'une durée d'audition de 2 minutes. Il l'annonce sur cette page manuscrite qui nous donne de précieuses informations sur ses nouveaux cylindres commercialisés en 1904. On note en particulier, à propos de ses cylindres géants en cire : Cylindres Idéal allant sur notre appareil Idéal, le plus puissant et le plus parfait de tous les phonographes, marchant très bien avec les vues de Cinématographe. Deux modèles de ce cylindre d'un diamètre de 16 cm sont disponibles : le grand (4 minutes d'audition, 19 cm de long) coûte 15 francs et le moyen (2 à 3 minutes d'audition, 14 cm de long), vendu 12 Francs.
La boite de rangement des cylindres Idéal présente la particularité de disposer d'un fond et d'un couvercle percés sur un diamètre de 12 cm. De couleur grenat, elle porte sur une étiquette la mention Phonographe et l'adresse du constructeur, en lettres d'argent. Le titre gravé sur la tranche du cylindre se retrouve sur l'anneau formant le dessus du couvercle.
 
L’Idéal a été utilisé pour sonoriser les premiers films du Phono-Cinéma-Théâtre, l'une des attractions les plus originales de l'Exposition de 1900. Par la suite, le grand phonographe ne rencontrera pas le succès espéré auprès d’un public de plus en plus blasé face à une offre importante, soutenue par une publicité riche en superlatifs. Henri Lioret parviendra tout de même à convaincre des professionnels du cinématographe :  le Théâtre Electrique Grenier l'annonce dans son programme de 1902, Georges Mendel l'adopte en 1903 pour donner la parole à son Cinémato-Grapho-Théâtre.

 

 
Publicité Lioret pour L'Idéal
(Le Guide album du PLM, 1901)


Le cylindre de l'Idéal


L'Idéal avec son cylindre,
version mécanique sur meuble


En 1903, L'Idéal équipe Le Cinémato-grapho-théâtre de Georges Mendel

  Le cylindre du Kinétophone et le Jumbo d'Edison

Avec le Kinétoscope, Edison effectuera une première tentative de création d'un film sonore grâce à un dispositif rustique apportant un semblant de synchronisation entre l'image et le son. Peu après 1895, le Kinetoscope devenait le Phono-Kinetoscope ou Kinetophone avec l'adjonction d'un phonographe dans le meuble. Les spectateurs se penchaient pour voir le film au travers d'un œilleton, tout en écoutant le son enregistré sur le cylindre à l'aide de tubes acoustiques.
Il faudra attendre 1913 pour qu'une seconde version du Kinétophone, bien différente, voit le jour. Le film est maintenant projeté sur un écran, et la synchronisation entre projecteur et le phonographe s'effectue par des poulies et de fils tendus entre les deux. Le phonographe, actionné comme l'appareil de projection par un moteur électrique, est équipé d'un reproducteur utilisant le principe de l'amplification du son par friction, créé par Daniel Higham et déjà adopté par la Columbia sur le Graphophone Twentieth Century (Type BC). Son grand pavillon floral noir suspendu à une potence s'apparente à celui des phonographes Edison Triumph.

Le phonographe du Kinétophone utilise des cylindres de grandes dimensions, moulés en celluloïd bleu, à l'image des cylindres Ambérol de cette période :

  • longueur : 18,4 cm
  • diamètre extérieur : 11,1 cm
Avec une densité des sillons de 100 TPI et une vitesse de rotation de 120 RPM, la durée d'audition d'un enregistrement atteint 6 minutes. Sur la surface des cylindres, on peut observer des repères blancs, probablement utilisés pour la synchronisation avec le film. Ils disposent d'une boite en carton bleu portant la marque Edison en lettres dorées, de même facture que les cylindres Amberol classiques.

 


Le Kinétophone de 1913
(Edison National Historical Park)


Cylindre du Kinétophone
et cylindre Ambérol
(Collection Charles Hummel)

 


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